50 ans de jazz en Lorraine

 

Coffret de 3 CDS

 

22 groupes, 33 titres, 146 musiciens

 

 

Avant-propos

 

L’histoire du jazz en Lorraine commence dans les années trente. De nombreux amateurs subjugués le découvrent avec les tournées de concerts d’artistes tels que Louis Armstrong ou Django Reinhardt pour ne citer qu’eux !

Mais laissons le temps aux oreilles et à l’esprit  d’assimiler ce phrasé aérien,  le « swing »,  qui transmet à tous, y compris aux plus guindés d’entre nous, un balancement  irrésistible,  et découvrons quelques années plus tard, les traces sonores de sa pratique, apparues dans les « fifties ».  Elle est contée par Xavier BROCKER dans son excellent ouvrage « Le roman vrai du jazz en Lorraine » (1) qui s’achève en 1991, exactement l’année de naissance du label de disques et d’artistes « Etonnants Messieurs Durand » (EMD).

Cette coïncidence curieuse est comme un passage de témoin à une période charnière qui combine plusieurs dynamiques accumulées depuis la fin de la  seconde guerre mondiale pour culminer dans les années 1970 / 1990 :

- les concerts (Swing à Xirocourt, le 4 Cat Club de Rozérieulles, Nancy Jazz Pulsations, le Caveau des Trinitaires à Metz et des Dominicains à Nancy, Jazz  et Blues à Sarreguemines,  Jarny Jazz Festival, Longwy-Jazz-Action)

- l’enseignement, dont les institutions officielles, trop frileuses, ne voulaient pas (avec  la NAJA (2) à Nancy, le CIM (3) à Bar-Le-Duc,  le CMCN (4) à Nancy) - phénomène qui n’était pas exclusivement lorrain et prendra une envergure nationale (5) dans les « seventies »,

- la création  d’orchestres, du plus petit (duo) aux plus grands (avec l’Orchestre Régional de Jazz de  Lorraine, et autres Big Bands portés par des individualités musicales notoires).

Elles ont favorisé l’émergence d’artistes locaux de grand talent et en ont fixé d’autres, venus d’ailleurs en France, voire de l’étranger, en Lorraine... Paris n’était plus le passage obligé pour mener à bien une carrière d’artiste de jazz...

La technologie du numérique et l’avènement du CD, qui succèdent à l’enregistrement analogique et à l’album vinyle dit « disque noir » (système qui prévalait pendant le dernier siècle et curieusement,  reprend vigueur aujourd’hui) a simplifié et réduit le coût de l’enregistrement. Les majors compagnies rééditent des catalogues entiers et gagnent des fortunes ; le public achète les CD’s qui miraculeusement « ne grattent pas » même après de nombreux passages, car c’est un rayon laser qui lit les pistes enregistrées et non un diamant au bout d’une tête de lecture. A ces deux éléments, -présence d’artistes excellents et simplification technologique de toute la filière de l’enregistrement, -  il manquait le troisième : un label de disques, capable d’organiser, entre l’artiste et le public, la chaîne de production qui aboutit à l’objet sonore CD.

Le label EMD est créé en décembre 1991 par une équipe représentative de toutes les facettes de la production : deux musiciens, Jean-Marie VIGUIER et Christian AMBROISE, très actifs sur la scène régionale, un médecin Dominique SIMON, jouant le rôle de producteur (président d’EMD de 1991 à 2007), un passionné de techniques d’enregistrement, Michel CUNIN, qui venait d’équiper un petit studio près de TOUL,  Loren Records, sont rejoints  en 1993 par Bernadette Meyer, qui venait de quitter la direction de l’ADDAM 54 (6) et avait participé quelque années auparavant, à la fondation et au développement de l’association Jazz Action Montpellier.

La suite de l’histoire est connue, EMD publie un album par an depuis 1992, la qualité de son catalogue est reconnue par les professionnels et le  public, et ses artistes mènent des carrières internationales...

En 2006,  si on regarde en deçà des années 1990, pour rendre hommage aux précurseurs, aux initiateurs, aux « fous » qui ont choisi de pratiquer et même de vivre du jazz ou encore de le diffuser, à une époque où l’enregistrement était affaire d’artisan, où le mélomane passionné se promenait à travers les concerts avec son  magnétophone portatif  Nagra, Revox ou Marantz pour capter la magie des sons, où les artistes de jazz n’avaient pas l’opportunité ou les moyens d’entrer dans un grand studio à Paris, Londres ou New-York, EMD souhaitait «faire connaître»  des œuvres « inédites » enregistrées par des amateurs ou des professionnels en Lorraine pour qu’elles restent vivantes dans notre patrimoine culturel.

Ainsi est née l’idée de la Collection « 50 ans de Jazz en Lorraine », dont vous tenez entre les mains le 1er volume, réalisé avec l’inestimable contribution des éminences jazzistiques : Xavier BROCKER (déjà cité) de Jean-Paul BOUR (ex-programmateur de jazz et blues à Sarreguemines), les collectivités  territoriales dont le Conseil Général de Meurthe et Moselle et notre partenaire principal la Région Lorraine.

Nous avons voulu que ce premier volume illustre les « mouvements » qui ont bouillonné sur la scène culturelle régionale (et nationale) de cette période en se succédant ou en cohabitant (même ceux qui sont un peu bâtards, quoique redevables au jazz). Car aucune tendance n’a épargné la Lorraine : du boogie woogie au free jazz, du rhythm’n blues au rock blues, et même au « disco-jazz » en passant par le manouche et le gospel ; elles bousculent allègrement les frontières des genres, voire du jazz avec un grand « J » pour les puristes. Mais gageons-le, les jazzophiles avertis y découvriront des joyaux.

Bien modestement, ce premier volume n’est que le début d’une aventure et ne prétend pas être exhaustif. Nous invitons les contemporains de cette histoire,  témoins et possesseurs de traces enregistrées de cette même période des années 1950 à 2000,  à  nous contacter pour le second volume de « 50 ans de Jazz en Lorraine ».

Bernadette MEYER

Présidente d’EMD

Nota bene : l’auditeur remarquera que la qualité des sources d’enregistrement est hétérogène et évolue avec le temps et l’histoire de l’enregistrement (de la bande magnétique au CD en passant par la cassette, de la prise de son en studio ou en  « live » dans un bar ou dans une salle « improbable » (le live étant majoritaire dans les titres présentés). Et c’est d’abord la qualité artistique et l’émotion jaillissante de ces documents qui nous les a fait choisir.  

 

1 – Edition de l’Est, 1991

2 - Nancy Jazz Action.

3 - Centre d’Information Musicale.

4 - Centre Musical et Créatif Nancéien  qui deviendra MAI « Music Academy International » en 1995.

5 - Avec l’IACP (Institut Art Création Perception) Paris,  le CIM (Centre d’Informations Musicales) Paris, le JAM à Montpellier (Jazz-Action-Montpellier), l’ARFI (Association pour la Recherche d’un Folklore Imaginaire)  Lyon, le GRIM (Groupe de Recherche et d’Improvisation Musicale) à Marseille et d’autres encore…

6 -Association Départementale pour le Développement des Activités Musicales et Chorégraphiques en Meurthe et Moselle.

 

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