Dorado SINGS

Guitarist Acoustic N°8  février, mars, avril 2006  -  Max Robin

Porté par un écrin classieux (Ludovic Beier, prix Gus Viseur 2005), à l'accordina et à l'accordéon, Pierre-Alain Goualch au piano, Gautier Laurent et franck Agulhon à la contrebasse et à la batterie, Pierre Blanchard aux arrangements de cordes),  Dorado invente une nouvelle figure : celle du crooner manouche.Deux instrumentraux seulement (dont l'astucieux "Samba Dorado") pour un répertoire entièrement composé d'originaux, à l'exception d'un titre. C'est peut-être lorsqu'il reste au plus près de son inspiration guitaristique ("Le Swing" et "Ah mon enfant" - simplement accompagné à l'acoustique) que Dorado s'avère, dans ce registre le plus convaincant.

 

Django Station.com  - Stoche

Dorado sings ! Tout est dit !
Dorado Schmitt a toujours aimé pousser la chansonnette. On se souvient surtout de Natascha ("Pour toi commence, oui déjàààà...une autre vie !") du Gypsy Reunion devenu depuis un véritable tube dans les verdines. Ici c’est avec tout un album de chansons qu’il nous revient. Album longtemps attendu, longuement muri et avec lequel il s’est manifestement fait plaisir.
Privilégiant les ballades, genre qui sied particulièrement bien à son timbre voilé de crooner de charme, Dorado nous parle... d’amûûûûr ! Amour de la vie, amour des musiciens (Souvenirs de New-York), de la musique (Le swing... qui rappelle un certain Latcho Drom), de ses enfants (Ah mon enfant) et de sa femme, bien sûr, sa muse et l’inspiratrice de cet album qui lui est logiquement dédié (Kemaous kou siro, Sad and beautiful).
Et la guitare, dans tout çà, demanderez-vous ? Et bien il y en a. Et quelques beaux chorus, même, joués sur une archtop de bopper. On aurait bien aimé qu’il en joue un peu plus, forcément ; et qu’il reprenne un peu sa Selmer, aussi. Mais l’inspiration reste ici plus américaine que manouche, la rythmique basse/piano/batterie en témoigne.
Sans crier à l’apostasie, respectons donc les choix du guitariste enchanté, et apprécions avec lui ce bel album très attachant. A son image...

 

A propos de Djieske

 

In lechodescuilleres.com par Philippe Cuillerier novembre 2002

On l'attendait, ce premier album de Samson Schmitt. Depuis quelque temps déjà, ce jeune guitariste manouche défrayait la chronique chaque fois qu'il jouait quelque part : entouré de son compère Timbo Mehrstein (violon) et d'une rythmique en béton (Hono Winterstein, Jean Cortes) ou accompagnant son père, Dorado sur de grandes scènes.

Les spécialistes se souviennent du documentaire "Django Legacy" où l'on découvrait le petit Samson, 10 ans, apprenant de son père le solo de "Minor Swing" (dans la caravane), mais aujourd'hui, il est un gaillard rompu à la technique, capable de virtuosité et d'un swing ravageur, nouveau garant de sa culture familiale.

Quoi de plus naturel que de faire les choses en famille, Samson décide d'appeler Dorado à la rescousse et d'élargir la pompe avec un deuxième rythmicien en la personne de Popots Winterstein (même gabarit qu'Hono, même pompe d'airain). Ayant appris de son père, il sait qu'écrire des morceaux est aussi important que d'improviser.

Il a donc écrit trois beaux thèmes originaux, l'élégant "Djieske", une belle mise en place avec "Stan", et "Entre nous", une bossa manouche bien dans la lignée paternelle. Quatre thèmes de Dorado sont interprétés (dont le merveilleux "Amati"), on y trouve la signature d'un musicien mature et généreux, qui laisse maintenant la parole au "Chavo", le poussant à vivre sa propre histoire. On l'imagine aisément dans le studio d'enregistrement, gaffant son fils du coin de l'oeil, un p'tit sourire sous la moustache. Chose plus rare, les autres musiciens y vont également de leur composition personnelle : Timbo Mehrstein offre un joli swing "for Smilia", titre dans lequel on découvre son jeu typé et swinguant, et Popots Winterstein compose le sémillant "Swing for Jinny". Samson, lui, sculpte des improvisations très solides ; son attaque claire et énergique, son phrasé souple (Limehouse blues) viennent rehausser les quelques reprises/standards. Dans la version de "Donna Lee", il ne peut s'empêcher de revisiter le thème à sa sauce, égratignant les ornements, décalant certains placements rythmiques, fidèle à une certaine éthique de liberté (les boppers à oeillères vont gueuler, on s'en fout, c'est beau quand même ! ndlr).

Les plages les plus touchantes, celles du partage père/fils (Paris sous la pluie) où l'échange des deux guitaristes rappelle les nombreuses heures passées dans la caravane, à jouer par plaisir. On retient aussi les parties à deux violons (Dorado/Timbo) sur "New York in November". On espère que Samson Schmitt évoluera de manière encore plus personnelle, en se faisant un prénom et que ce premier disque deviendra bientôt un "collector" recherché.

 

Jazzman N° 87 Janvier 2003  -  Alain Tercinet

Le « jazz manouche » a ceci de paradoxal qu’il possède le don de rassurer tout autant que celui de surprendre. Confortables sont les retrouvailles assurées avec un son d’ensemble dont les guitares rythmiques associées à une implacable ligne de basse tissent la trame. Rassurante aussi est cette déférence envers Django qui se traduit par un retour constant vers son répertoire (ici Mélodie au crépuscule et Micro alias Mike). L’étonnement provient lui, de la continuelle entrée de nouveaux musiciens sur la scène du « Gypsy Swing » ; tous plus talentueux les uns que les autres. Le cas de Samson Schmitt ne constitue cependant pas une surprise : il ne pouvait qu’être tombé dans la marmite quand il était petit puisque fils de Dorado (il faut écouter leur Duo sur Paris sous la pluie …). Mais Georges Benson, Sylvain Luc, Bireli Lagrene ne l’ont heureusement pas laissé indifférent ! Autre sujet d’émerveillement, le constant renouvellement d’une thématique que l’on aurait pu croire figée ; grâce à d’astucieuses captations, Donna Lee ou Pent-up House, cher à Grappelli ou par le biais d’  «originaux » remarquables : les signent ici Dorado Schmitt (New York in November) , Le Rêve d’un soir, Amati), Etienne Mehrstein, merveilleux violoniste qui a su écouter Didier Lockwood,  Florin Nicolescu, Jean-Louis Winterstein à la « pompe » sans faille ou Samson lui-même (Stan, Djieske ou Entre nous). Avec sérénité, on réclame la suite…

 

Vintage Guitar USA  Février 2003 -  Michael Dregni

Sur les traces de Django Reinhardt, lui succéda une  deuxième génération de guitaristes gitans de jazz,  comprenant ses propres fils, Henri * le Lousson * Baumgartner et Babik Reinhardt . Aujourd’hui, cette génération a engendré une nouvelle génération de musiciens, représentée par ces deux nouveaux albums, de Samson Schmitt ( fils du guitariste gitan bien connu Dorado Schmitt), et de Dino Mehrstein, le neveu de Mandino Reinhardt.

Ces deux albums, font évoluer  la musique de Django dans de nouvelles directions. Au lieu d'imiter « note pour note » les enregistrements originaux de Django qui ont tous été par trop répandus dans le passé, ces CDs sont construits sur son héritage.

L'album de Schmitt ne comporte que deux compositions de Django sur les quatorze titres. Celui de Mehrstein n’en comporte aucun. C'est une évolution bienvenue et essentielle si cette musique doit vivre et s'épanouir. En tant que fils de Dorado Schmitt, Samson apporte beaucoup de la « patte » de son père dans ce premier enregistrement.

Comme Dorado, il a un talent prodigieux, et se « promène » sur son manche avec une facilité, vitesse et  grâce déconcertantes.

Il est également  « béni » par l'oreille de Dorado pour les mélodies entraînantes dans une veine moderne, et ce sont ces morceaux joués par le père et le fils qui font « chanter » ce CD. Dans les solos, Samson est rejoint  par son père à la guitare et au violon et par Timbo Mehrstein au violon ainsi que par Hono et Popots Winterstein aux guitares rythmiques.  Ce « lineup »  génère un « son » précis, chaud et résolument moderne.

Les solos de Samson sont parfois assez mécaniques, « déboulant » des arpèges de haut en bas sur les grilles d’accords, manquant quelques fois de « phrasé »  et de « discours ». Mais d'autres fois, il est inspiré, et « sort » des improvisations élégantes qui annoncent un futur passionnant. Ce sera fascinant de  suivre son évolution.

Dino Mehrstein prend la musique de Django comme point de départ, comme le titre de l’album le suggère.

Presque chaque morceau est une composition personnelle , et brille par son originalité. Ses titres « swing », comme * Sortie de Route, * sont basés sur des mélodies modernes et novatrices avec des rythmes inattendus et syncopés .

Plusieurs titres « surfent » sur des rythmes latins avec les percussions de Simon Pomarat et comprend le travail de guitare rythmique de Francko Mehrstein.

Dino, qui a tout  juste vingt-cinq ans, est un soliste fougueux  jouant avec le panache gitan mais interprètant également les mélodies avec une sensibilité rare, pas seulement sur le registre de la démonsration « pyrotechnique » du virtuose.

Si Samson Schmitt et Dino Mehrstein sont le futur du jazz gitan, alors ce futur promet d’ètre lumineux en effet.
 

Les Allumés du Jazz, N° 8  -  1er trimestre 2003 - Patrick WILLIAMS Journaliste Ecrivain

 Samson Schmitt sort son premier Disque

Tout de suite, guitare sur guitare, le contraste entre les arabesques du soliste et la régularité de la « pompe » : ce contraste définit le jazz manouche. Samson Schmitt fait preuve de musicalité, de virtuosité et d’une parfaite clarté de l’élocution, c’est le minimum. Dans cet univers, le niveau technique des solistes est élevé et la parfaite maîtrise de l’instrument est la chose au monde la mieux partagée. A ces qualités, Samson Schmitt ajoute un brio, parfois même un côté « belle guitare » qui lui sont propres. Les qualités singulières de son style apparaissent avec netteté lors des duos avec Dorado. Le jeu subtil de la confrontation entre  deux solistes apparemment très proches (et pas seulement parce qu’il s’agit ici du père et du fils) est un des plaisirs que cette musique offre à ses amateurs : découvrir des différences là ou le regard extérieur ne voit peut-être qu’uniformité.

Le répertoire varie les ambiances swings exemplaires de la couleur spécifiquement alsacienne du jazz manouche (Amati, Swing for Jinny, For Smilia), saluts à Django (Micro, Mélodie au crépuscule et aussi Limehouse blues avec un arrangement original qui cligne de l’œil vers Appel indirect) riches ballades (Djieske) valses sentimentales (Le rêve d’un soir), échos de bossa-nova (Entre nous et, surprise, Donna Lee) et pièces d’atmosphère (New-York in november,  Paris sous la pluie, dus à la plume de Dorado Schmitt dont les talents de compositeur déjà connus se trouvent confirmés). L’interprétation de Pent-Up House peut apparaître comme un hommage inattendu à Rollins, mais pas seulement. Pour qui connaît le milieu, elle est aussi un salut à Laro Solero qui, le premier au milieu des années 60, avait fait de ce thème un cheval de bataille (Laro qui n’a jamais enregistré) avant que Boulou et Ellios Ferré n’en donnent quelques versions enflammées. Ainsi, parallèlement à l’histoire du jazz, et dans un même mouvement, cette musique décline-t-elle son histoire propre – discrète, presque secrète. Pareillement Timbo Mehrstein peut-il apparaître parmi les primas du jazz manouche, comme un violoniste plutôt grappellien – mais l’influence de Grappelli s’est-elle exercée directement ou par l’intermédiaire de Dorado Schmitt ou de Wedeli Kölher ?

Il reste à parler de l’accompagnement, cette incomparable pompe manouche des deuxièmes guitares et de la contrebasse. Elle est ici, cette pompe (bien servie par la prise de son) tantôt d’airain, tantôt de gaze, légère comme bulles de champagne, lisse comme un train express, chaude comme un drap de velours, pleine d’allant, bondissante, allègre, discrète, efficace… Hono et Popots Winterstein ainsi que Jean Cortes sont des maîtres.

Djieske (la musique qui vient « du cœur ») est un parfait témoignage de la vitalité du jazz manouche aujourd’hui.

 

In www.zicazic.com  par Fred Delforge  -  13 Octobre 2002

« Le jazz manouche fait des émules de jour en jour, soutenu a grand renfort de personnalités telles que Bireli Lagrene ou Dorado Schmitt. C'est au tour du fils prodige de ce dernier, Samson, de se lancer dans un album instrumental entre compositions originales et morceaux de maîtres. Pour épauler le guitariste dans sa lourde tâche, rien de moins que les guitares de Paul et Jean-Louis Winterstein, la contrebasse de Jean Cortes et le violon d'Etienne Mehrstein.

Bien entendu, Dorado ne pouvait pas s'affranchir d'une participation à " Djieske" et il pose tour à tour son violon et sa guitare sur les pistes de l'opus du fiston. C'est aussi ça l'esprit Rom ! Derrière le Samson Schmitt Quintet, on trouve le support de la Ville de Nancy, mais également celui de toute la Lorraine dont est natif Samson. Ici non plus on n'oublie pas les enfants du pays …

Une musique qui vous attrape par le cœur, vous plonge dans un état entre mélancolie et allégresse (…) Samson sait y faire et envoie sans coup férir les arpèges, plus envoûtants les uns que les autres. Parfait dans l'interprétation, il s'essaie à l'écriture et force est de constater que ses compositions ne dénotent pas de celles de Dorado, de Charlie Parker ou de Django Reinhardt … C'est dire si le disciple a bien retenu la leçon ! 

On s'émouvra de " Stan ", " Djieske " ou " Entre nous " tout  autant que  du " Pent-Up House " de Sonny Rollins ou du " Micro " de Django. Bouillon de culture métissé tirant sa force d'une expérience de la vie et de la route, " Djieske " est à la fois une leçon d'humilité et une démonstration de gypsy swing, avec un respect immense pour la légende et le gypsy spirit … »

 

A propos de Dorado, 

concernant  l’album « GYPSY REUNION »

« Violon, guitares, contrebasse, piano, percussions s’harmonisent et se répondent. Rien ne manque, ni le rythme, ni le feeling inné de ces musiciens pour faire de cette réalisation une plage de rêve. Plusieurs œuvres de Dorado sont devenues des succès, tout particulièrement dans le milieu des jazzmen manouches. Les amateurs de musique tzigane sont de plus en plus nombreux à apprécier ce musicien et son groupe. »

concernant  l’album « PARISIENNE » François Couvreux

«  Si Dorado s’inscrit bien sur dans la lignée de Django dont il est un des plus brillants héritiers, il a plus d’une corde à sa guitare et s’affirme d’année en année comme un créateur original. A la différence de bons nombres d’épigones de Django, Dorado est un compositeur inspiré développant un langage personnel : un sens inné de la mélodie allié à un sens aigu de l’improvisation, le tout servi par une technique exceptionnelle. »

« Aussi à l’aise dans le swing que dans la valse dont les manouches sont incontestablement les meilleurs interprètes, dans la bossa que dans les morceaux un peu espagnolisant, Dorado ose un peu tout avec réussite et est à mon avis en route pour une reconnaissance qui devrait dépasser largement le cadre de l’hexagone »

« Dorado Schmitt nous donne la joie et l’émerveillement d’une musique époustouflante à la poésie troublante pouvant associer la rumba gitane ou la bossa nova à des inflexions jazz… »

« Dorado possède une rare aisance instrumentale lui permettant de passer des accents « tziganes » du violon au phrasé moderne de la guitare électrique, sans rien perdre de sa richesse d’ expression … »

Extrait de SUD-OUEST